Le Fort Rochambeau

LE FORT ROCHAMBEAU

Le grand oublié de l'histoire de Curgies

C'est le 26 Septembre 1878 que dans ce village tranquille d'un peu plus de 1100 âmes,
va être lancée la construction du FORT DE ROCHAMBEAU.

A partir de 1870, la France se trouve dans l'obligation de réaliser sur la
frontière du Nord, un programme de fortifications. L'organisation
défensive de la place de Valenciennes, en accord avec le comité des
fortifications, décide dès 1876 d'établir à Curgies, un Fort reliant le Sud-Est
valenciennois au territoire du Quesnoy.
Pour compléter cet ouvrage qui devra faire partie de la ligue de défense
d'entre Escaut et Sambre, deux projets annexes seront décidés plus tard
sur délibérations du 7 Février 1882: un second Fort a Estreux ainsi
qu'une batterie à Saint-Saulve, deux projets vite abandonnés.

C'est ainsi qu'en 1881, Curgies se voit doté d'un outil militaire flambant
neuf, édifié d'après les plans du général SERE de RIVIERES, sur le
sommet du plateau de Wutt. Une position stratégique sur un site
dominant la Rhônelle à l'Ouest et l'Aunelle à l'Est, ce qui fût
déterminant dans les décision de réaliser la construction du Fort
Rochambeau ( du nom de Jean-Baptiste de VIMEUR, comte de
ROCHAMBEAU, maréchal de France qui commanda les troupes royales en
Amérique, puis dirigea l'armée du Nord en 1790 avant d'être arrêté sous
la terreur).
Le rapporteur de génie, général de division, soulignant que "les vues de
ce fort sont très belles et aussi étendues que la portée de son canon".

Le maire de la commune en place, Jean-François RIGAUT signera le
19 Novembre 1881, le plan de délimitation du terrain de 12ha 36a
81ca acquis par l'armée à divers propriétaire sur la zone du Fonds
des Grands Près. L'homologation du bornage sera prononcée par le
décret du 11 Août 1882.

A l'époque, le village s'étend sur 602ha. La structure de casernement de
cet outil militaire est considérable puisque prévue pour y loger 1200
hommes. Sur les plans figurent les chambres pour le commandant, les 32
officiers et 48 sous-officiers ainsi que celles attribuées aux hommes de
troupe.
Le Fort était doté de cuisines, cantines, mess pour officiers, de divers
entrepôts (vivres, farine et paneterie), d'une chaufferie et de plusieurs
locaux affectés à l'artillerie, au génie, à la punition, aux ambulances et
accessoires. Une salle de 56 lits était prévue pour les malades. S'y
ajoutaient également des bureaux dont celui du télégraphe et des écuries
pour loger six chevaux.

Un souterrain?
Par ailleurs, l'entrée du Fort comportait un logement pour les salles des trois corps de garde. L’hypothèse d'un souterrain qui aurait relié Bavay
n'a pu être confirmée.
Utilisé, successivement par l'Armée Française de 1920 à 1930 et par
l'Armée Allemande qui s'en empara de 1940 à 1945, le Fort
Rochambeau représentera l'un des plus importants arsenaux de la région
en matière de stocks de munitions lourdes durant la seconde guerre.

Heures sombres
Beaucoup au village se souviennent des temps sombres de l'occupation
où en ces lieux furent exécutés bien des résistants. Des documents de
1944 font état de " levées de corps de victimes du charnier de
Curgies" et de bons de réquisitions établis " pour des cercueils
destinés au fusillés de Curgies".

Le Fort Rochambeau connaître par la suite un destin contrarié. Très
endommagé par explosions en 1944 à la fin de la seconde guerre
mondiale, puis en 1950 lors de l'opération BIKINI qui nécessita
l'évacuation de la plupart des habitants, l'armée va alors se séparer du
Fort en 1970.
Les frère WAGRET vont l'acquérir par adjudication pour leur
"S.A Société Immobilière du Hainaut" dans la perspective d'y
implanter une résidence de haut standing. Le permis de construire
n'ayant pas été autorisé sur cette zone classée verte, le Fort sera cédé
à cette entreprise familiale la "SERTIRU" qui en fera une décharge dès 1973.

Aujourd'hui, c'est le groupe SITA qui occupe les lieux et y exploite à grande échelle un centre
d'enfouissement technique.
Comment a t-il fallu que nos dirigeants successifs, sans aucune vision sur le devenir d'un
patrimoine local inestimable au plan historique, aient laissé engloutir sous les ordures ce chef
d'œuvre construit sur le même plan type SERE de RIVIERES
que le FORT DE DOUAMONT dans la Marne.

Source: Documents originaux et plans transférés de Lille au service historique des Armées à Vincennes depuis 1988.